Au programme :
- OneWeb, Internet depuis l’espace.
- Le réseau quantique de Microsoft.
- Les canaries à mandats.
- Encore plus de téléphones pliables !
- Scannez vos tables Excel, choisissez vos jours de livraison, dormez avec votre Apple Watch, l’application Absher en Arabie Saoudite…
- Et plus encore !
Pour soutenir l’émission, rendez-vous sur http://patreon.com/RDVTech
Plus d’infos sur l’épisode :
- Les animateurs sont Cédric Bonnet (@CedricBonnet), Korben (@Korben) et Patrick Beja (@NotPatrick).
- Le générique est de Daniel Beja (@misterdanielb). Sa musique libre de droit est sur MusicInCloud.fr.
Vous pouvez télécharger le fichier MP3, et vous abonner par iTunes ou en RSS.
Abdelghani Boudik dit
Bonjour Patrick. Bravo pour ton émission. Elle est toujours aussi instructive et agréable à écouter. J’ai par contre une petite remarque à te faire. J’ai trouvé que sur le sujet de l’appli saoudienne, tu as été un peu trop virulent. Tu n’as pas laisser tes invités s’exprimer correctement. parfois ils n’arrivaient pas à terminer leurs phrases sans que tu les interrompes. Il est bon que tu fasses l’avocat du diable, ça équilibre le débat et ça lui donne plus de peps. D’habitude, tu donnes ton avis, puis tu laisses les autres donner le leur. Là, malheureusement, ça n’a pas trop été le cas de mon point de vue. Peut-être que je me trompe parce qu’il n’est pas si facile d’être objectif quand il s’agit d’un sujet aussi sensible. Mais je tenais quand même à partager mon ressenti avec toi.
Merci encore pour le plaisir que tu nous donnes chaque semaine. Bonne continuation pour l’émission.
Abdel
Patrick dit
Salut Abdelghani ! Merci pour ta remarque ; j’avoue que le sujet a été un peu agité, j’y suis peut-être allé un peu fort sur mon envie de m’exprimer… J’essayerai d’y faire plus attention à l’avenir. (j’ai quand même laissé le dernier mot à Korben, j’espère que ça compense un peu :D)
Sylvain Charroy dit
« Aujourd’hui, une émission calme, autour d’une petite tasse de thé… »
(1 heure plus tard…)
« Mais non ! On ne peut pas censurer des bouts de téton et encourager la charia ! »
Vous l’avez coupé à quoi votre thé ahah
Patrick dit
Le thé au whiskey, tu connais pas ? 😀
mika dit
Sympa l’épisode tisane au coin du feu 😉
Très interessant/pertinent l’outil de Microsoft qui fait un OCR de tableau à la volée 🙂
D’ailleurs ça me rappelle chez Xerox où un bug de photocopieuse remplaçait certains chiffres: et oui la photocopieuse pour faire des « optimisations » d’encre ne faisait pas une copie parfaite mais optimal en tentant de reconnaître les chiffres/lettres (il confondait les 6 et les 8)
https://www.theregister.co.uk/2013/08/06/xerox_copier_flaw_means_dodgy_numbers_and_dangerous_designs/
donc faire gaffe aux risques de bugs sur ce genre d’outil 🙂
mika dit
Je suis d’accord avec Cédric, il faut que l’appli suive les règles/moeurs en vigueur dans l’appli où elle est mise à disposition
Comme il l’indiquait , au moment de proposer son appli son coche les pays où l’on veut la diffuser, on peut simplement définir celle où l’on ne souhaite pas la diffuser (ou en diffuser une spéciale)
Après, pour revenir au sujet, quid des jeux ? on sait qu’il y a beaucoup de jeux où l’on peut choquer certaines personnes (duke nukem, ou wolfestein à leur époque, puis GTA, ou rape day dernièrement…)
Patrick dit
Disons que cette option n’arrange pas le problème d’une appli qui suit les moeurs locale comme celle dont on parlait pour l’Arabie Saoudite… Le vrai soucis est quand nous, d’ici, on n’est pas d’accord avec les décisions qui sont prises ailleurs…
mika dit
Oui si elle diffuse son appli uniquement en arabie saoudite effectivement, on a rien à dire: ça serait de l’ingerance.
C’est comme si on allait critiquer/manifester pour le passage d’une loi qui nous choque, on peut le dire dans notre pays, écrire dans un journal… mais pas aller sur place manifester cette opposition (à moins de considéré l’état en question comme une dictature, et là c’est un autre débat..)
En revanche, cette appli ne doit pas être visible/accessible sur les stores des pays ne la considérant pas convenable.
ps : au passage, pour rebondir sur ce sujet, une série que je recommande: The Handmaid’s Tale
Disponible légalement sur OCS* https://www.ocs.fr/programme/psthehandmaw0123458
*qui diffuse en ce moment à J+1 la dernière saison de Walking Dead avec l’alpha… (une bonne chaine de série, qui diffuse egalement the silicon valley..)
Patrick dit
Yep c’est bien là bas, d’où tout notre débat…
Et je cautionne Handmade’s Tale ; c’est un peu déprimant, mais c’est super bien !
Jerome dit
Bonjour à tous,
Votre discussion autour de l’application saoudienne mettait le doigt sur une des sujets essentiels de l’internet d’aujourd’hui régi en grande partie par la GAFAs.
Sur ce point je rejoins l’idée de Korben qui a eu malheureusement bien du mal à exprimer ce qu’il sous-tendait 🙂
Les Google, Facebook, Apple, Microsoft sont des sociétés privées. De façon factuelle, elle peuvent faire absolument tout ce qu’elles veulent pour faire de la monnaie, c’est leur raison d’être fondamentale, à partir du moment où elles respectent toutes les lois en vigueur dans chaque des pays dans lesquelles elles exercent leurs activités. Ceci est la base de toute entreprise commerciale privée.
CEPENDANT, le fait d’exercer leurs activités (presque) partout dans le monde, doit leur conférer une responsabilité et un devoir de cohérence éthique bien au-delà du simple respect des lois en vigueur.
Dans chacun de leur choix stratégique, commercial, marketing elles engagent leurs actionnaires (c’est en partie leur entreprise) et leurs clients qui soutiennent d’une certaine manière leurs activités.
Dans ce contexte, elles DEVRAIENT poser un cadre déontologique et moral très clair qui régit leur façon de faire du business.
L’idée n’est pas de se positionner pour dire si telle ou telle loi, coutume, régime politique représente le bien ou le mal, mais de poser des limites morales et éthiques à leur façon d’aborder les marchés.
Il est trop facile de faire du marketing sur l’égalité homme / femme ou sur le fait d’être une société cosmopolite en Europe et aux Etats-Unis et, en parallèle d’autoriser l’accès à cette application saoudienne ou de se conformer aux exigences de tel ou tel pays qui ne partagent pas ces valeurs mis en avant dans leur marketing.
Le simple respect de la loi n’est pas un critère d’éthique ou de déontologie. Par définition, cette notion est à géométrie variable. Il leur faut afficher clairement leurs principes et leurs limites déontologiques pour permettre à chacun, s’il est bon , POUR MOI et UNIQUEMENT pour moi, de savoir s’il est légitime ou non, raisonnable ou non de soutenir cette entreprise.
Lorsqu’on n’affiche pas cette déontologie, on ne peut être jugé sur rien, et on peut donc faire tout ce que l’on veut sous réserve de respecter la loi, comme un caméléon qui s’adapte un peu partout pour faire de l’argent sans cohérence morale.
L’exercice est compliqué, certes …, mais essentiel.
Patrick dit
@Jérôme
Le problème n’est pas dans l’énonciation du principe ; tout le monde serait d’accord pour dire « ces sociétés doivent être morales ». Mais quand on réfléchi à l’application concrète ça se complique considérablement… De quelle morale parle t’on ? De celle de cette société ? Ils sont américains, donc on parle de morale américaine ? Qu’on traite de puritains quand ils cachent un bout de sein ? De la notre, en France ? Dont l’athéisme « extrême » horrifie les américains ? (cet athéisme que nous considérons comme normal et que nous chérissons les dérange beaucoup et est souvent considéré comme une attaque contre les religions ; on ne s’en rend pas compte de l’intérieur du pays, mais nous sommes une exception, et pas qu’envers les US, par cet aspect nous sommes uniques dans le monde, et tout le monde nous regarde un peu bizarrement).
Ce ne sont que deux exemples minimes, sur deux pays (US et France) finalement assez proches… Donc quelle morale choisir ? C’est mission impossible, surtout quand on reproche déjà tous les jours aux GAFAM d’avoir trop de pouvoir. D’où la conclusion que la seule solution viable est de se fier, tant bien que mal, aux lois locales, représentant (en théorie) la volonté du peuple…
Et décider qu’ils devraient simplement se retirer du pays s’ils ne sont pas d’accord, non seulement ça veut dire qu’ils prennent encore cette décision dans leurs mains et en accord avec « leur » morale (américaine ?), mais en plus s’il est facile de tomber d’accord dans le cas de la Chine ou de l’Arabie Saoudite, il y a de nombreux autres cas où la moitié du monde serait pour et l’autre moitié crierait à l’imposition de leur morale et à une nouvelle forme d’impérialisme, justement. Donc à mon sens il vaut peut-être mieux laisser cette décision aux états, encore une fois, qui décident si tel ou tel pays a des restrictions économiques. C’est exactement pour ça que ces mécanismes ont été créé. Et oui, c’est compliqué, et on ne fait pas toujours ce qu’on veut, et l’ONU est lent et parfois frustrant etc, mais on n’a pas trouvé de meilleur moyen de gérer nos désaccord à l’échelle du monde, qui est celle dont on parle…
Et là encore, si on pense que la solution est simplement de dire « bah ils ont qu’a déterminer une charte morale et s’y tenir », je crois qu’on se fourre le doigt dans l’oeil jusqu’à la boite de pandore… 🙂
Jerome dit
Patrick,
Je n’ai pas dit que ces sociétés devaient être « morales ». J’ai au contraire dit que c’était une notion à géométrie variable (la morale de l’un n’est pas la morale de l’autre).
Je dit qu’elles jouent de cette notion de géométrie variable pour s’autoriser des pratiques douteuses ailleurs au regard du message qu’elles souhaitent véhiculer dans des pays comme les nôtres.
Elles communiquent ici sur certaines valeurs mais appliquent concrètement ailleurs des pratiques commerciales contradictoires.
Je me répète, je ne dis pas qu’elles doivent être « morales », je dis qu’elles doivent afficher clairement quels sont leurs principes d’éthiques et déontologiques sur certains sujets importants.
Elles doivent expliquer noir sur blanc QUI elles sont et quelles sont les LIMITES à leur business. Elles doivent cette transparence à leurs clients et actionnaires pour garantir que leurs façons de faire du business sont conformes aux valeurs qu’elles affichent et qu’elles n’abusent pas de la confiance de leurs clients.
L’idée n’est évidemment pas de cartographier ce qui est bien ou mal, ce que la morale autorise ou non, mais elles doivent afficher quel est le plus petit dénominateur commun éthique applicable à leurs activités partout dans le monde.
Si ta conclusion est de dire que c’est trop compliqué d’écrire et de se conformer à LEUR propre éthique et qu’il ne faut rien faire d’autre que de veiller à la bonne application des lois locales, alors c’est simple effectivement mais c’est désespérément fataliste au regard des enjeux qui sont sur les épaules de ces sociétés. C’est accepter de donner les clés de l’internet mondiale à des monstres qui vantent des valeurs quelque part pour vendre des services totalement contradictoires ailleurs.
Il faut dans ce cas et à minima, comme tu le dis, être extrêmement ferme avec ces sociétés au regard de la loi et ne plus les dédouaner de leurs abus ou responsabilité lorsqu’il y en a, sous prétexte qu’il est difficile de maîtriser leurs services qui sont cross frontières.
Elles laissent par exemple se diffuser des contenus ou commentaires partout dans le monde qui sont hautement contraires aux lois de la majorité des pays. Elles devraient se conformer strictement à la loi et appliquer des règles de modération et de filtrage propre à chaque pays en se dotant de règles de publication et de modérateurs humains nécessaires pour faire le job : comment peut-on par exemple continuer d’accepter que des contenus injurieux, diffamatoires, pornographiques ou pédophiles soient accessibles ou rendus facilement accessibles à tous les publics, de n’importe quel âge par les services de ses sociétés ?
C’est effectivement très très compliqué mais les états ne font pas grand chose pour les rappeler à la loi ou les sanctionner quand il y a des outrages à la loi (ils sont innombrables et flagrants). Ne rien faire les renforce dans leurs monopoles et creuse l’impact de leur avance face à leurs concurrents qui pourraient être (ou pas) plus vertueux ou proposer des solutions plus intelligentes.
L’éthique n’a pas force de loi mais il engage tout de même les acteurs de l’économie sous réserve qu’ils énoncent clairement leurs principes déontologiques.
Patrick dit
Je crois que tu confonds intention et exécution… Toutes ces sociétés se conforment, tant bien que mal, aux règles des pays où elles exercent… Tu mets dans le même sac « contenu pédophile » et « contenu injurieux », là où le premier est évidemment retiré dès que possible (je te mets au défi d’en trouver chez les GAFAM), et le second est gérer par des armées de modérateurs qui sont évidemment confrontés au besoin de décider (pour nous, et à la place des juges) ce qui est si injurieux qu’il doit être retiré ou simplement l’expression d’une frustration naturelle. Toutes ces sociétés se conforment (plus ou moins strictement) au RGPD, elles ont mis en place des systèmes pour agir plus rapidement sur les signalements, acceptent le droit à l’oubli…
Que ça rentre ou non dans l’image fantasmée qu’on en a, les GAFAM se conforment évidemment aux lois, que ça soit en Europe… ou en Arabie Saoudite.
Et quand tu dis : « Elles doivent expliquer noir sur blanc QUI elles sont et quelles sont les LIMITES à leur business. », moi je réponds : c’est pas comme si on avait déjà des lois qui jouent exactement ce rôle, non ? 🙂
Jerome dit
Comme tu le dis, elles se conforment « tant bien que mal » et on laisse passer quelques instants des contenus infâmes qui sont relayés par d’autres acteurs avant que ce ne soit retiré de Facebook, Twitter ou YouTube. Au final, c’est disponible sur Internet mais la porte d’entrée (gigantesque puisque ouverte sur le monde entier) aura été un service d’une grande société mondiale qui préfère filtrer a posteriori plutôt qu’avant la publication.
Tu comprends bien que tout ce qui passe par ce genre de services, même si retiré rapidement, se voit offrir une caisse de résonance immense et une diffusion possible immédiate dans le monde entier.
Quant à ta dernière phrase, je te répondrai que je me pose personnellement, et je suis sûr que tu en fais de même, bien plus de limites dans mon quotidien que les limites qui me sont contraintes par la loi.
C’est ce qui différencie l’éthique du simple respect de la loi.
Par ailleurs, lorsque Google autorise sur son store en Arabie Saoudite une application, il en fait de fait la publicité et porte à la connaissance de tous cette application qui est par ailleurs téléchargeable et installable sur son système d’exploitation par n’importe quel utilisateur partout dans le monde.
Tu n’y vois pas un problème éthique au-delà du respect stricte de la loi ?
Patrick dit
> qui préfère filtrer a posteriori plutôt qu’avant la publication.
C’est ironique, tu décris là exactement l’article 11 de la nouvelle loi sur le copyright, qui a créé un IMMENSE levée de boucliers (justifiée) des défenseurs des libertés… 🙂
> C’est ce qui différencie l’éthique du simple respect de la loi.
Non mais le problème n’est pas d’être plus éthique que la loi, le problème est de déterminer ce qui est éthique ou non, et comme chacun a sa réponse décide qu’on met sous forme de loi les règles sur lesquelles tout le monde est d’accord… C’est bien beau de dire « moi je fais plus », mais ça n’a pas de sens quand chacun voit le « plus » de façon différente ; c’est même le coeur du problème…
> qui est par ailleurs téléchargeable et installable sur son système d’exploitation par n’importe quel utilisateur partout dans le monde.
Dans le monde ?… Je crois que tu n’as pas compris le fonctionnement de cette app, ou le problème qu’elle pose. C’est une app administrative Saoudienne qui dématérialise le fonctionnement des autorisations de déplacement des femmes, qui est déjà une pratique courante et légale dans le pays (hélas). La télécharger ailleurs n’aurait aucune utilité, et je doute très fortement que les Saoudiens aient besoin de Google pour savoir que c’est possible…
Jerome dit
A part les services proposées ou inspirées par les GAFAMs, je ne connais aucun support qui permette à qui que ce soit, de façon anonyme le plus souvent, de publier du contenu (commentaire, son, photo, vidéo) avec publication immédiate dans le monde entier sans aucune forme de filtre (il se fait à posteriori). Ce genre d’enjeux me paraît de façon évidente nécessiter l’utilisation d’un filtre avant publication. C’est presque du bon sens, non ?
Je ne suis pas d’accord avec ton résumé, le problème n’est pas de définir ce qui est éthique et ce qui ne l’est pas, chacun a sa propre éthique, sa propre façon de penser et d’agir (dans le respect de la loi). Je dis simplement que ces sociétés doivent définir et communiquer ce qu’est LEUR PROPRE éthique. Ça ne veut pas dire non plus qu’elles doivent exprimer leur avis sur tous les sujets. Simplement définir les limites que leur imposent LEUR PROPRE éthique. Chacun jugera ensuite si cette éthique est compatible avec la sienne et décider d’utiliser ou non les services de cette société. Elles seront ensuite évalué par chacun sur le respect ou non de cette éthique énoncée.
Cette application n’était qu’un exemple. Effectivement, elle n’est sans doute pas applicable partout, mais Google en fait cependant une publicité en la publiant sur son store.
Ceci n’empêche pas Google de valoriser par ailleurs son image en vantant la place de la femme dans ses effectifs à coup de campagnes publicitaires sur YouTube.
L’éthique c’est être conforme aux principes qu’on s’est fixés dans chacune de ses actions. Rien de plus, rien de moins.
Je ne vois pas en quoi énoncer et formaliser sa charte éthique serait une utopie pour ses sociétés. Ça se fait dans d’autres domaines et elles-mêmes ne se privent pas de l’invoquer lorsque c’est facile ou quand ça les arrange.
Patrick dit
Le filtre à priori pose d’énormes problèmes aussi, que je ne détaillerai pas ici, mais qui mettent en péril des concepts qui nous sont chers ; ça pose ces sociétés en gardiens de ce qu’on peut et ne peut pas dire, et si leur éthique (voir plus bas) ne correspond pas à la notre, alors on est dans une certaine mesure contrôlés par ces sociétés privées…
Quand à « leur » éthique, j’en reviens au coeur du débat : s’ils décident qu’on ne peut pas montrer de corps trop dénudés, parce que leur manière de voir les choses est plus proche du puritanisme américain (combien de fois avons nous eu des soucis pour des images ou on voyait des « bouts de seins » ont été retirées alors qu’elles ne choquent pas notre conscience à nous – et ils ont du changer leur politique face à la levée de bouclier que ça a provoqué ici), est-ce qu’on sera satisfait de voir Facebook censurer des pubs pour yaourts ou parfums ou produits de beauté parfaitement acceptables chez nous ? C’est une vraie question que je te pose.
Et ça c’est la version « pas tragique » des problèmes que ça peut poser…
« Leur éthique » ne s’établit pas en dehors des conceptions locales ; une fois décidée, si elle s’applique pareil partout, il y a forcément des gens qui trouveront ça inacceptable. C’est simple en théorie, mais en pratique ça ne peut pas donner « une solution pour tout le monde et tout le monde est content »…
Jerome dit
Patrick,
Le problème reste entier dans les deux cas, que le filtre s’exerce avant publication ou qu’il s’exerce à travers une censure après la publication, le résultat est le même pour celui ou celle qui souhaite exprimer une idée.
Dans les deux cas, il est une obligation pour les GAFAMs de gérer les cas douteux et de mener une action en fonction de certains critères qui leurs sont propres, et donc forcément subjectifs. Faire le choix d’agir à posteriori est dangereux. Si une publication est problématique, la laisser être diffusée, même quelques instants seulement sur Facebook ou Youtube, fait qu’elle pourra être reprise par d’autres acteurs sans contrôle et faire le tour de l’internet ad vitam aeternam. Le mal est déjà fait …
Ces sociétés sont amenées à faire des choix éthiques qui décevront, heurteront, voire choqueront une partie du monde. C’est inéluctable.
Je suis d’accord avec ta dernière phrase, c’est un constat clair : il n’y a pas de solution évidente qui fera que tout le monde sera content. Faut-il ne rien changer pour autant et laisser libres ces acteurs de mener des actions contradictoires sur le plan éthique en fonction de la région du monde dans lequel ils exercent avec comme seul critère de respecter « plus ou moins » les lois en vigueur ?
Ce sont des sujets bien compliqués et je ne doute pas que ces sociétés essaient de faire au mieux, mais pour autant il subsistent encore de nombreux travers aux usages actuels.
Laisse moi à mon tour poser la question au jeune père de famille que tu es : Autoriseras-tu à ton enfant lorsqu’il aura 12 ans l’utilisation d’une application comme Twitter dans laquelle la majorité écrasante des commentaires utilisateurs ne sont qu’insultes, comme le moteur de recherche Google grâce auquel il est possible de trouver en un clique l’ensemble du catalogue pornographique d’internet sans contrainte d’âge (en dehors de contrôle parental, non fourni par Google, que tu auras installé sur les PC de ta famille), comme Facebook sur lequel des commentaires ou photos dégradants de ou sur ton enfant pourront être publiés quelques minutes par n’importe qui en espérant que Facebook réagisse vite pour les supprimer ?
J’en suis pour ma part très bientôt à cette étape et cette réflexion, mon fils aîné à 11 ans 🙂
Et je t’assure que, pour ma part, toute solution susceptible de ne pas l’exposer à ce genre de travers serait bonne à discuter, à débattre.
Evidemment, il convient à chacun de faire son devoir de parent et d’éduquer ses enfants aux bonnes pratiques sur ces outils, leur expliquer les risques et les règles d’éthiques à respecter, s’assurer qu’ils se protègent et qu’ils protègent les autres d’excès ou d’abus potentiels. Cependant les adolescents se réfugient naturellement toujours vers des plateformes ou des supports qui échappent à leurs parents, on ne peut donc pas tout contrôler et comprendre en tant que parent.
C’est pour cela que la responsabilité première revient aux diffuseurs de contenu surtout quand ils sont aussi facilement accessibles et populaires que les services des GAFAMs.
Il ne faut pas relâcher la pression qui pèse sur ces acteurs, leur pouvoir et responsabilité sont immenses et ne cessent encore de croître.
Patrick dit
Je pense qu’on commence à tourner en rond donc je vais juste te répondre sur ce point et puis je te propose qu’on s’en tienne là. 🙂
> Le problème reste entier dans les deux cas, que le filtre s’exerce avant publication ou qu’il s’exerce à travers une censure après la publication, le résultat est le même pour celui ou celle qui souhaite exprimer une idée.
Je crois que tu ne vois que les effets sur les éléments qui sont objectivement bons à filter. Bien sûr, si on parle de contenus dommageables, il serait bon qu’ils n’apparaissent même pas. Mais penser que ces filtres feraient leur office efficacement à 100% est objectivement impossible. On le constate par exemple avec le Content ID de YouTube, qui mêne à des problèmes ou la protection de la propriété intellectuelle (qui est d’ailleurs la première motivation du fameux article 11) même à des retraits et des sanctions qui sont soit des erreurs soit des abus. On pourrait exiger que le système s’améliore, mais on ne peut pas commander ces choses à volonté (sinon le net n’aurait pas les problèmes qu’il connait ! :). Et de fait, ces éléments censurés « à tort » ne voient jamais le jour, ce qui est bien plus grave que le fait de les retirer quand on leur a déjà donné une chance d’être vus (et cette méthode est déjà problématique). D’autant plus parce que si on est tous d’accord pour la pédophilie ou le terrorisme (les arguments faciles), il y a beaucoup de cas où on n’est pas du tout d’accord, et si on ne les voit même pas ça retire carrément la possibilité du débat. Sans compter que c’est à Google (et consorts) qu’on donne le pouvoir et le devoir de décider ce qui peut ou non être vu ! Encore une fois pour une vidéo pédophile tout le monde serait d’accord, mais pour une vidéo ou un travail journalistique qui fait une enquête en utilisant des éléments copyrightés (ça arrive HYPER souvent avec le Content ID), et que le système prend un approche stricte, certains usages acceptables et nécessaires se retrouvent censurés à priori, ce qui est très dangereux…
Bref je répète ce que j’ai dit au début : ce contenus objectivement néfastes ne font pas débat. Ce qui est en question, c’est les effets non souhaitables et inévitables que l’on entraine quand on prend des mesures trop drastiques et sans discernement… :/
Jerome dit
Bonjour Patrick,
Il faut croire que nos échanges étaient prémonitoires, de quoi étayer l’argumentaire que j’essayais de transcrire ici :
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/03/15/l-attaque-terroriste-en-nouvelle-zelande-diffusee-en-direct-sur-facebook_5436639_4408996.html
J’ai du mal à comprendre qu’absolument n’importe qui puisse publier une vidéo sur une plateforme comme Facebook et s’assurer une diffusion mondiale sans qu’aucun filtrage ne soit exercé par qui que ce soit avant sa diffusion.
C’est absolument irresponsable de notre part, utilisateur de Facebook (ce que je ne suis plus depuis quelques mois), de laisser ce genre de plateforme exercer dans les règles du jeu actuelles.
Aujourd’hui la vidéo est disponible aisément sur internet et fait ainsi la publicité du terrorisme à elle seul auprès de qui veut se rendre célèbre.
Je me doute que ton avis restera inchangé puisque, la plupart du temps, tu te positionnes pour un statu quo sur la plupart de ces sujets …
Evidemment, la liberté d’expression pourrait en prendre un coup. C’est évident. Mais je ne pense pas que Facebook soit le support le plus intelligent et approprié pour informer les gens sur les sujets importants, sur ceux qui méritent réflexion et interrogation.
Limiter la place et l’importance prise par des acteurs comme Facebook me semble le meilleur moyen de faire émerger d’autres supports d’information ou éviter que ceux qui existent ne meurent de la concurrence déloyale.
Patrick dit
Non mais ça n’est pas une question de status quo, c’est une question de mise en place pratique… Comment pourrait-on s’assurer qu’on ne puisse pas mettre n’importe quoi en ligne ? Crois-tu que les filtres automatiques auraient pu détecter la nature de la vidéo avant qu’ils n’en aient eu un exemplaire pour l’analyser ? Il faudrait des dizaines (centaines) de milliers de personnes qui regarderaient toutes les vidéo en permanence avant de les autoriser, et pour les live aussi !
C’est facile de dire « il ne faut pas que ce type de vidéo puisse apparaître en ligne », tout le monde sera d’accord, mais quand tu penses à ce que ça veut dire tu comprends que c’est simplement impossible. D’autant plus qu’ils ont été rapides dans la suppression des nouvelles une fois qu’ils ont été alertés.
Penses-y comme le reste des contenus interdits et révoltants, en ligne et dans la vraie vie : on fait tout ce qu’on peut pour les interdire et les arrêter, mais si tu prend chaque exemple ou un est passé quand même comme justification pour resserrer un peu plus l’étau, tu va finir par étouffer la société entière parce que l’idée qu’on puisse totalement les éradiquer et qu’il puisse, par des lois ou des restrictions, n’en rester aucun jamais nulle part est une illusion.
Bref, on a déjà fait le tour mille fois.
Thomas dit
Sympathique émission, j’ai bien aimé 🙂
.. Jusqu’à ce que Korben lâche une petite « blague » d’ultra mauvais gout vers la fin, j’étais prêt et j’attendais vraiment pas ça dans un rendez vous tech. Je dois dire que 2 jours après, à froid, je trouve toujours ça inapproprié.
Les violences que subissent les femmes dans le monde, ça ne devrait pas être un sujet de plaisanterie. On est en 2019 quand même.
Bref, un peu déçu. Alors que jusque la c’était plutôt chouette.
Patrick dit
Désolé. 🙁
Thierry dit
Vous êtes bizarres avec vos Watch… 🙂
Je pose la mienne sur le chargeur le matin pour aller à la douche ou au petit déjeuner.
Et/ou le soir, au dîner. Ou après.
Ça suffit à la recharger jusqu’à demain. Ça marche très bien. Et je la garde toute la nuit pour le suivi de sommeil.
Je ne comprends pas que certains aient besoin de la garder 24 sur 24.
Vous comptez les calories quand vous êtes assis à table ? Vous avez besoin de vos notifications au petit dej ?
Si on est tellement accro , je vois plutôt d’être scotché sur l’iPhone au petit dej.
Patrick dit
Je crois que c’est une question d’habitude, mais tu as raison, ça n’est sans doute pas un aussi « big deal » qu’on ne le pense au départ…